Le bâtard de mauléon i by Alexandre Dumas

Le bâtard de mauléon i by Alexandre Dumas

Auteur:Alexandre Dumas [Dumas, Alexandre]
La langue: fra
Format: epub
Tags: - Divers
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


IX

Comment le bâtard de Mauléon reçut le billet qu’il était venu chercher.

Les premières ombres de la nuit descendaient grises et lugubres sur le palais désolé. Don Pedro était assis, sombre et inquiet, dans les appartements inférieurs où il s’était réfugié, n’osant rester dans l’appartement voisin de la chambre où gisait le cadavre de son frère. Près de lui, Maria Padilla pleurait.

– Pourquoi pleurez-vous, madame ? dit tout à coup le roi avec aigreur. N’avez-vous donc pas ce que vous avez tant désiré ? Vous m’avez demandé la mort de votre ennemi, vous devez être satisfaite, votre ennemi n’est plus.

– Sire, dit Maria, j’ai peut-être, dans un moment d’orgueil féminin, dans un élan de colère insensée, désiré cette mort, Dieu me pardonne si ce désir est jamais entré dans mon cœur ! mais je crois pouvoir répondre que je ne l’ai jamais demandée.

– Ah ! voilà bien les femmes ! s’écria don Pedro : ardentes dans leurs désirs, timides dans leurs résolutions ; elles veulent toujours, elles n’osent jamais ; puis, quand un autre est assez fou pour avoir obéi à leur pensée, elles nient que cette pensée elles l’aient jamais eue.

– Sire, au nom du ciel ! dit Maria, ne me dites jamais que c’est à moi que vous avez sacrifié le grand-maître ; ce serait mon tourment dans cette vie ; ce serait mon remords dans l’autre... Non, dites-moi ce qui est vrai ; dites-moi que vous l’avez sacrifié à votre honneur. Je ne veux pas, entendez-vous bien, je ne veux pas que vous me quittiez sans me dire que ce n’est pas moi qui vous ai poussé à ce meurtre !...

– Je dirai tout ce que vous voudrez, Maria, répliqua froidement le roi en se levant et en allant au-devant de Mothril, qui venait d’entrer avec les droits d’un ministre et l’assurance d’un favori.

D’abord Maria détourna les yeux pour ne pas voir cet homme, pour lequel la mort du grand-maître, quoique cette mort servît ses intérêts, avait encore redoublé sa haine ; elle alla dans l’embrasure d’une fenêtre, et là, tandis que le roi causait avec le More, elle regarda un chevalier armé de toutes pièces qui, profitant du désordre que l’exécution de don Frédéric venait de jeter dans tout le château, entrait dans la cour, sans que gardes ni sentinelles s’inquiétassent de lui demander où il allait.

Ce chevalier, c’était Agénor, qui se rendait à l’appel que lui avait fait le grand maître, et qui cherchant des yeux les rideaux de pourpre que celui-ci lui avait désignés comme étant ceux de son appartement, disparut à l’angle de la muraille.

Maria Padilla suivit machinalement des yeux, et sans savoir qui il était, le chevalier jusqu’à ce qu’elle l’eût perdu de vue. Alors revenant de l’extérieur à l’intérieur, elle reporta son regard sur le roi et sur Mothril.

Le roi parlait vivement. À ses gestes énergiques on comprenait qu’il donnait des ordres terribles. Un éclair traversa l’esprit de doña Maria ; avec cette rapide intuition familière aux femmes elle devina ce dont il était question.



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